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Investir ou périr

Cedrico a récemment procédé à des investissements majeurs dans son usine de Causapscal, dans le Bas-Saint-Laurent. Et ce n’est qu’un début.

20 octobre, 2021  par Maxime Bilodeau


Cédric et David Bérubé font partie de la relève entrepreneuriale de Cédrico. Crédit Maxime bilodeau

Hausse de productivité de 11 % au sciage. Diminution des pertes de 1,5 % au rabotage en produits finis. Production de bois de grades supérieurs, soit du Premium et du No 2, en plus du stud. Une année après la fin des travaux de modernisation de son usine de sciage et de rabotage située à Causapscal, l’état-major de Bois d’œuvre Cedrico rapporte une hausse marquée de plusieurs de ses indicateurs d’efficacité. Ce faisant, l’entreprise confirme son rôle de meneur en rendement matière au Québec, elle qui transforme plus de 210 millions de pieds mesure de planche (PMP) par année à plein régime.

Les investissements de l’ordre de 35 millions de dollars consentis depuis 2013 – dont 25 millions de dollars en 2020 seulement – valent leur pesant d’or, s’enorgueillit Denis Bérubé, président et directeur général de Cedrico. « Nous constatons des améliorations à tous les niveaux. Nous avons allongé notre bois, réduit les niveaux de bruits et de poussières dans l’usine, agrandi nos installations pour le long terme », énumère-t-il. Le bilan est d’autant plus positif que ces rénovations majeures ont été effectuées en pleine pandémie de COVID-19 sans qu’aucune éclosion ne soit rapportée.

Il faut dire que les installations sises dans La Matapédia avaient bien besoin d’amour. L’ancienne ligne de sciage datait de 1967, soit de plus de 50 ans ! « Disons qu’elle démontrait des signes de faiblesse ! La twin en vieille fonte était rendue impossible à réparer tant elle était usée », raconte Dominique Tremblay, directrice de l’usine de Causapscal. L’ensemble des nouveaux équipements acquis au coût de 16 millions de dollars par Cedrico l’ont été auprès de Comact, qui se spécialise dans ces produits (débitage, optimisation par vision numérique, contrôle, etc.).

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En parallèle, de nouveaux équipements ont été acquis auprès de la division canadienne de P.L.C. pour la ligne de rabotage. « Nous avons procédé à l’installation d’un optimiseur automatimisé de classement de bois. Auparavant, le bois était classé manuellement pour des classificateurs de métier », explique Dominique Tremblay. Cedrico a aussi réaménagé la section d’usine dédiée au rabotage. Et pas n’importe comment, mais bien en construisant la nouvelle bâtisse sur l’ancienne, sans jamais cesser la production! Qui plus est, aucun accident de travail n’est survenu lors de ce délicat chantier. C’est VAB Solution qui a fourni la solution d’optimisation au rabotage. 

De plus, Cedrico a aussi fait l’acquisition d’une empileuse de Carbotech, ainsi que d’équipement de Samuel à la sortie de l’empileuse de Samuel pour les codes-barres et la relecture. La mécanique des plateaux de triage a été réalisée par PLC Canada. Inotech a pour sa part réalisé l’usine de classage optimisée et EBI Electric a réalisé l’installation électrique industrielle, alors que DO2 a fourni le système d’emballage. Finalement, quelques entrepreneurs locaux ont aussi participé au projet de modernisation, don Construction Audace et Construction Ghislain D’Amours.

Le défi de la main-d’œuvre
Avec ces récents investissements, Cedrico se donne les moyens de ses ambitions. Car, les défis seront nombreux dans les années à venir pour l’entreprise fondée par Gilles Bérubé en 1977. « Pour demeurer compétitif, il faut sans cesse investir dans des équipements plus performants, améliorer la production et économiser la matière ligneuse », affirme Denis Bérubé. L’enjeu est de taille pour le Bas-Saint-Laurent. Cedrico génère à elle seule plus de 200 emplois directs dans la région, en plus de retombées économiques évaluées à plusieurs millions de dollars.

L’entreprise aimerait bien cependant voir ses rangs se gonfler. Elle est activement à la recherche d’une vingtaine de nouveaux travailleurs (sur 125) à ses installations de Causapscal et d’une autre vingtaine d’employés (sur 80) à son usine de seconde transformation à Price, dans La Mitis. De fait, la pénurie de main-d’œuvre a forcé Cedrico a retranché une faction de travail à chacun des deux sites. Cela se traduit par un ralentissement des activités de l’ordre de 30 à 40 % et par une baisse de du chiffre d’affaires de 6 à 7 millions de dollars. 

« Avant, on manquait de bois à transformer. De nos jours, c’est de paires de bras qu’on s’ennuie », souligne Denis Bérubé, qui désespère de trouver ces dernières au Québec. À la fin mai, la province comptait 188 000 postes vacants et revendiquait le plus bas taux de chômage au Canada, à 6,3 %, selon Statistique Canada. « La situation est la même dans tous les secteurs : on s’arrache les travailleurs!, s’exclame-t-il. C’est pourquoi nous cherchons activement à embaucher à l’étranger, même si les démarches sont on ne peut plus fastidieuses. »

En attendant, Cedrico déploie plusieurs efforts afin de faire face à cette crise. La modernisation des postes de travail, qui constitue « hors de tous doutes un facteur d’attraction » pense Denis Bérubé, s’inscrit dans cette veine. Elle a en outre instauré des primes à l’embauche et des programmes de formation continue et rehaussé les salaires afin de les rendre plus concurrentiels. Le nouveau site Web de l’entreprise, refait de A à Z, a été lancé l’été dernier. Et ses réseaux sociaux, jugés essentiels pour rejoindre les jeunes générations, sont plus actifs que jamais.

Continuer d’innover
Heureusement, la conjoncture économique est favorable à Cedrico, et ce en dépit de la crise commerciale sur le bois d’œuvre qui oppose le Canada et les États-Unis, la cinquième en trois décennies. Grâce à une hausse exceptionnelle des mises en chantiers à l’échelle nationale dans les derniers mois, l’entreprise a profité de prix du bois d’œuvre avantageux – et qui le demeurent, malgré leur baisse récente. Dans la dernière année et demie, l’organisation a d’ailleurs vendu 50 % de son bois au Canada, alors qu’elle en écoule normalement 75 % aux États-Unis.

Cedrico en est déjà à planifier ses prochains investissements. « Au cours des 2 à 3 prochaines années, nous prévoyons insuffler environ 10 millions de dollars dans notre usine de Price, mais aussi à celle de Causapscal, où il reste encore du travail à faire », révèle Denis Bérubé, qui pourra compter sur le support de ses trois fils Cédric, Samuel et David pour l’épauler dans ces projets. « Mon père m’a jadis ouvert tout grand la porte de l’entreprise familiale, et je l’ai défoncée. Mon souhait le plus cher est de faire de même avec la prochaine génération », conclut-il. 


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